vendredi 12 septembre 2008

FEMMES DE RÉCONFORT


FEMMES DE RÉCONFORT

          ESCLAVES SEXUELLES DE L'ARMÉE JAPONAISE

Présentation de l'éditeur
Enfin, la guerre est finie. Kidnappées, violées, battues, usées, victimes de maladies, assassinées, abandonnées et rejetées... parmi elles, seules quelques survivantes sont finalement revenues, épuisées et malades. Sont-elles vraiment libérées ?

"Plus que tout je refuse catégoriquement le terme de "femme de réconfort" puisqu'il signifie quelque chose de chaleureux et doux."

"Nous n'étions pas des "femmes de réconfort". Nous étions des victimes de rapts et de viols commis par l'armée japonaise! Nous ne cherchons pas à faire punir les coupables individuellement: nous attendons que l'État japonais reconnaisse son crime officiellement. Reconnaître et voir la réalité en face est un moyen d'apprendre davantage. 
Même si c'est une page sombre de l'histoire, les Japonais n'ont-ils pas le droit de savoir ce qui s'est réellement passé? On a beau chercher à oublier ou à nier la vérité, c'est impossible. Moi, en tout cas, je n'y arrive pas. Pourquoi avoir attendu jusqu'à présent pour témoigner ? Parce que c'est le moment. En apprenant le combat des femmes asiatiques, j'ai compris qu'il fallait qu'une femme occidentale se batte à leurs côtés. A mon retour, je veux retrouver mes vieilles amies. Je vais les convaincre que toutes réunies, nous représenterons une grande force."
Jan Ruff O'Herne

L'auteure, Jung Kyung-a
"Je n'accuse pas une nouvelle fois ces soldats japonais si cruels mais, à la place, je m'interroge sur les circonstances qui ont abouti à cela, sur leur sens et leur impact dans la société coréenne
Aujourd'hui, plus de soixante après la libération, la société coréenne cherche à revenir sur son passé. De même, pour l'affaire des "femmes de réconfort", il est temps de s'interroger à nouveau en reconsidérant le contexte historique.
J'aimerais que ce livre donne l'occasion de s'approcher de cet objectif."

Objectif atteint à travers ce manhwa qui témoigne d'un travail de recherche fouillé de la part de l'auteure pour éclairer cette période sombre de l'histoire. Tellement sombre que, c'est assez terrible à dire, je ne connaissais pas le sort (ni l'existence) de ces Halmuny ("femmes de réconfort" en coréen) avant la lecture de cet ouvrage.
En même temps, en en parlant autour de moi, j'ai réalisé que je n'étais pas la seule à avoir vécu dans ma bulle jusqu'alors... J'ai même eu des remarques amusées du style "Aha! "Femmes de réconfort... esclaves sexuelles... Mais qu'est-ce que tu lis encore, petite dévergondée?..."  :)

Ce livre se présente comme un documentaire pour un public très large, avec des dessins et des textes simples, voire même simplistes, où l'interaction entre les témoins du passé et les acteurs du présent est constante - un peu comme les "Il était une fois l'histoire, la vie, etc", où l'on est observateur des faits historiques, mais également participant, ici à travers les interventions de l'auteure en pleine enquête alors qu'elle soulève des questions et émet des réflexions qui pourraient être les nôtres. 

L'auteure a choisi de traiter ce sujet avec énormément d'humour (assez étonnant et peu évident pour un sujet aussi sensible mais je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ce parti pris de l'auteure, j'étais souvent pliée (...)), et pratique beaucoup la dérision en ponctuant les événements de remarques satiriques.

Des extraits:
Okamura Yasuji (un militaire) "Ah, je t'ai déjà expliqué. C'est pour prévenir les viols des civiles! Les pulsions sexuelles chez l'homme, c'est incontrôlable!! Sans "femmes de réconfort" sur le champ de bataille, impossible de circonscrire les viols."
L'auteure "C'était donc pour empêcher les viols des civiles ?
Okamura a dit qu'il n'y avait plus de viols après la création des "maisons de réconfort". Non seulement on ne peut pas vérifier, mais des témoignages affirment le contraire. ET SURTOUT, J'AIMERAIS BIEN SAVOIR COMMENT IL EST POSSIBLE DE PRÉVENIR LES VIOLS PAR DES VIOLS.

Des interviews des soldats de l'armée japonaise de l'époque indiquent que beaucoup, en particulier les plus jeunes, enrôlés de force, étaient "obligés" de se plier à ces actes sordides pour ne pas être mis à l'écart par leurs camarades et supérieurs.

L'auteure "En fait, l'armée impériale a créé les "maisons de réconfort" comme un programme actif pour dresser les soldats et en faire des guerriers !"

Un militaire "Oh, il y avait donc un sens si profond..."

L'auteure se dédouane, en préface, de vouloir refaire un procès aux responsables, et d'essayer simplement de "s'interroger sur les circonstances" qui ont permis ce système des "maisons de réconfort", mais ses propos ne sont pas aussi neutres qu'elle l'entend et restent même clairement dénonciateurs et incriminants, ce qui se comprend dans la mesure où, pour exposer les faits, elle s'appuie sur les témoignages des Halmuny qui ont vécu ces horreurs comme une grande injustice.

Concernant le contexte historique, je n'ai pas trouvé ça aussi évident que ça à suivre, c'était parfois un peu confus pour moi, trop de données, de dates, d'enchaînements, de successions de guerres, pas toujours évident non plus de reconnaître qui parle.
Le discours reste toutefois assez clair pour comprendre les données de ce sujet fâcheux et s'en faire une bonne idée.

Excellent support que la BD pour exposer ce sujet délicat et le rendre accessible à tous !

4 commentaires:

  1. Ah oui, j'ai entendu parler des femmes de réconfort pour la première fois il y a quelques mois à peine au cours d'une émission de radio et totalement par hasard... Sordide, en effet!

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    1. Oui moi ça m'étonne d'être passée complètement à côté...
      Enfin, non, ça ne m'étonne pas trop en fait... (j'me comprends, j'me comprends).
      Des horreurs commises par l'être humain, il y en a tellement aussi qu'on ne sait plus où donner de la tête (si ça peut servir de justification... ahem).

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  2. Je ne connaissais pas du tout ces faits. Mais je sais par contre que les japonais étaient des hommes cruels pendant les guerres. C'est un peu le même principe que les nazis pendant la seconde guerre mondiale, que le trafic d'esclaves en Afrique..... C'est la partie sombre des êtres humains si bien analysée dans la littérature japonaise. Je note cette BD, il faut que ce type d'ouvrage soit diffusé.

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    1. Oui, c'est assez hallucinant comme les guerres peuvent transformer les hommes en bêtes sauvages et cruels, les délester de toute humanité et de sens commun. C'est vrai dans tous les pays, encore aujourd'hui... C'est une BD qui mérite le détour oui !

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