vendredi 11 mai 2012

GÉNÉRATION 1000 EUROS


GÉNÉRATION 1000 EUROS

traduit de l'italien par Damien Zalio


Un roman découvert complètement par hasard à la bib' et qui m'a interpellée par son titre, puis la 4è de couv':

"Claudio, jeune diplômé, travaille dans une grande entreprise à Milan. Avec 1000 euros et un contrat précaire, il est obligé de vivre en colocation : ambiance détendue mais gros soucis à la première facture imprévue.
Avec humour et dérision, tendresse et réalisme, Génération 1000 euros raconte le quotidien de cette jeunesse : accumulation de stages, boulots précaires et mal payés, frustrations de vivre comme des adolescents.  
Génération 1000 euros a connu un beau succès en librairie, en Italie, avant de devenir un film en 2009." 

... et surtout, les premières pages qui affichaient un style au franc-parler très contemporain, djeuns, qui ne fait donc pas vraiment dans la dentelle mais qui est plein de dérision.
Rire de la triste réalité de notre époque, c'est toujours bon à prendre, et j'étais d'autant plus motivée que cela me permettait de découvrir de nouveaux auteurs italiens, Antonio Incorvaia et Alessandro Rimassa.
  
J'ai été assez frappée des similitudes du quotidien de ces jeunes galériens en Italie avec celui des jeunes Français à travers ce récit un peu coup de gueule qui est le reflet de notre époque.
Ce récit se déroule à Milan, mais il aurait aussi bien pu se dérouler à Paris ou dans d'autres grandes villes européennes. D'ailleurs en Italie, on parle de la génération 1000 euros, en France de la génération précaire, en Espagne, des mileuristas (propos tirés de www.arte.tv/fr), autant de termes qui désignent cette génération de 25-30 ans (et plus), aux boulots qui ne correspondent pas toujours à leur formation, précaires et mal payés malgré leurs diplômes, et qui doivent recourir au système D pour survivre et subvenir à leurs besoins quotidiens.

Bien sûr, le contenu de ce témoignage d'un jeune homme amer mais néanmoins très drôle est sans grande surprise (du moins pour qui a connu ou connaît ces situations), l'intrigue générale prévisible, mais j'ai trouvé que les auteurs dépeignaient vraiment bien l'absurdité de notre époque, avec lucidité et bon sens.

Extraits: 
"... les marabouts-psychologues-faiseurs d'opinion de la question n'arrêtent pas de dire: "les jeunes n'ont pas de valeurs, ils ne s'intéressent à rien, ils ne sont pas cultivés, ils n'ont pas envie de sortir, de sociabiliser" et toutes ces conneries-là; mais après, où que tu tournes la tête, quelle que soit la connerie que tu veuilles faire, on te taxe tellement d'argent que tu ne t'en rends même pas compte. Comment fait-on pour s'intéresser à quelque chose si on ne peut pas entrer dans un théâtre pour moins de 30 euros; [...] que les livres ne coûtent jamais moins de 10 euros, et bientôt ceux en édition économique ou en poche aussi; [...] que les restaurants sont chers à en crever et que dans les fast-foods on mange de la merde; [...] que jouer une heure au tennis l'hiver coûte minimum 20 euros... Et ce ne sont que des activités de consommation instantanée, dans le sens qu'ensuite, il ne te reste plus rien si ce n'est le souvenir et le ticket [...].
C'est absurde.
Au lieu de continuer à nous pondre des fêtes à la mords-moi-le noeud comme la Saint-Valentin, la Fête des Mères, des Pères et de ma grand-mère en fauteuil roulant, juste pour vendre des mimosas, des chocolats, des babioles, des bricoles, et Dieu seul sait quoi d'autre, pourquoi est-ce qu'on ne ferait pas la Fête des Jeunes ou la Fête des Chômeurs, où pendant un jour on paierait tout à moitié prix?"    

"Mais aujourd'hui c'est comme ça que ça se passe: tu as beau bien faire ton travail, si la boîte considère qu'elle n'a pas les fonds pour toi - car elle doit payer hôtels cinq étoiles, chauffeurs, caprices et excès à la direction -, tu es fixé sur ton sort. Essaie de raconter après, quand tu envoies ton CV un peu partout, que tu es resté un an au même poste de travail, soit parce que tu étais en stage, soit parce que tu étais intérimaire, [...] et qu'ensuite ils t'ont renvoyé chez toi pour prendre quelqu'un d'autre qui leur reviendrait moins cher." 

6 commentaires:

  1. Hum, oui. Mais on commence à connaître un peu la vie de ces jeunes, tu sais, de stage en stage, etc..;

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    1. Oui, ce n'est pas un phénomène tout neuf... euh, c'est ce qui est un peu inquiétant...^^

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  2. Ca ne me donne pas envie du tout puisque globalement, je en suis pas sortie de cette génération 1000 €, malgré le fait que je travaille dans la branche de mon diplome et la quarantaine !!!

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    1. C'est un sujet fâcheux qui concerne beaucoup de gens en réalité oui, toutes tranches d'âge confondues. Je connais quelques cas critiques à Paris, et en Espagne il y a 6 ans, j'avais des amis, 35 ans passés, qui ne pouvaient pas faire autrement que vivre en coloc, formule assez fréquente là-bas finalement. Bon, mais ça reste un livre assez lucide sur le sujet, intéressant dans ses réflexions, et pas déprimant du tout.

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  3. Je trouve que l'appelation italienne est moins défaitiste que la française. Ceci dit la situation reste la même :s

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    1. Oui, l'appelation italienne fait plus dans l'euphémisme, la française appelle un chat un chat. :) Au moins le phénomène est reconnu, on lui a donné un nom...

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