samedi 18 avril 2015

LA CHICA ZOMBIE



LA CHICA ZOMBIE

Repéré chez Cryssilda, j'ai eu comme l'intuition que ce roman me parlerait. Une histoire d'ados dans un collège, une prof d'anglais suppléante, une ado qui se transforme en zombie du jour en lendemain, du délirant, du loufoque, voilà ce que j'en avais retenu. Étrange cette attirance pour ce type d'intrigue quand même. Sûrement l'attrait de la découverte d'une jeune auteure espagnole dans un genre inattendu, peut-être la présence d'une prof d'anglais dans l'histoire, le côté délire aussi certainement, et probablement l'originalité de ce récit autour de cette ado-zombie sans que cela n'ait l'air de tourner autour d'une énième histoire de zombies (dont je ne suis pas particulièrement friande).

Erin est une ado de 16 ans tout ce qu'il y a de plus banal. Elle a une meilleure amie, un journal intime, un brin de manque de confiance en elle, mais voilà, tout va mal car la prof d'anglais lui a mis une très mauvaise note. Parallèlement, sa meilleure amie, la plus populaire du collège, la force à sauter le pas avec un des élèves. Rien de trop engageant, mais une étape assez compromettante tout de même. Le matin où elle décide de passer à l'acte, elle constate qu'elle s'est transformée en zombie. Aucun des symptômes ne manque à l'appel. Des vers lui sortent du corps, elle perd ses cheveux, son corps s'effrite petit à petit, elle empeste la mort, et pourtant, elle est en vie ! Au collège, qu'elle continue de fréquenter malgré tout, camouflant son aspect zombiesque sous une tonne de maquillage, de parfum et de vêtements amples, les réactions varient. Certains, dont sa meilleure amie, ne remarquent rien, d'autres, dont Billy, un garçon mis à l'écart par les autres élèves, repèrent rapidement l'étrange transformation d'Erin. Et pour sa mère, toute cette opération camouflage vise juste à tenter de palier à ses problèmes d'acné et autres misères physiques et psychiques liées à l'adolescence.

En cours de lecture, je n'ai pu manquer me poser la question de la cible de ce livre. D'emblée comme ça, je l'aurais catégorisé littérature jeunesse/ado, contexte oblige, et puis au fur et à mesure de mon avancée, des propos tenus et des événements, je me suis dit que ça ne pouvait pas être litté jeunesse (ou alors je deviens une vieille bigote). C'est que c'est assez trash tout de même ! J'ai d'ailleurs pu enrichir mon vocabulaire espagnol d'insultes diverses, tout le monde se voit affublé du qualificatif puto/puta, on y parle de pollas, de tripoter le manche, de l'engloutir même, c'est plus qu'imagé, et c'est vite concret.

Au travers de cette façade qui pourrait laisser perplexe et sous couvert d'un humour assez noir, l'auteure aborde pourtant assez subtilement et de façon originale les problèmes de l'adolescence et de la vie au collège en en livrant une description pleine de justesse. J'ai beaucoup aimé la métaphore de la transformation zombiesque pour décrire ce mal-être, cette détresse que peuvent ressentir certains, et la façon dont l'entourage y répond (ou non) suivant leurs préoccupations personnelles.

On y croise une galerie de personnages hauts en couleur, tous plus farfelus, psychologiquement fragiles et frappadingues les uns que les autres. Le cocktail est détonant. Les ados ont leur part de tares, mais les adultes du récit ne sont pas en reste ! Qu'est-ce que j'ai ri de la prof d'anglais obsédée par l'idée de se marier, du proviseur boulimique toujours à côté de la plaque, de leurs relations pleines de quiproquos, des autres profs, des parents d'Erin, sans parler du génie !
On rit, on se moque, mais en même temps, tout cela est touchant par moment. Je n'ai pu m'empêcher de ressentir une certaine empathie pour les personnages. Et de manière très surprenante, l'auteure réussit à se dépatouiller de ce bourbier où elle a enfoncé ses personnages dans un dénouement qui laisse rêveur.
J'ai juste été un peu déçue par la fin qui reste un peu trop ouverte, comme s'il m'avait manqué le point final.

J'ai adoré le style de l'auteure, un brin irrévérencieux dans le ton, férocement malicieux, une écriture qui rend le récit truculent et savoureux, avec ses parenthèses et ses onomatopées. Je découvre une auteure espagnole qui m'a l'air assez délurée et délicieusement audacieuse, et ça j'aime beaucoup beaucoup !

"Tenía una risa horrible. No se parecía en absoluto a un risa. Parecía el llanto de un bebé. Sonaba así : BEU BEU.
- ¿El puto Billy Servant me tiene miedo ?"

"Servant pudo oírlos crujir, como si en vez de ojos fuesen croquetas que alguien (CRUNCH) mordía a cada (CRUNCH) nuevo pestañeo."

"Fancher se sorbío los mocos (SURUP) antes de aplastar (FLAP) al gusano.
- Oh, jo-der, dijo Servant.
- Sí, es una puta mierda."

Une occasion aussi pour moi de me replonger dans la lecture en espagnol, tout à fait le type de récit à mon niveau pour le lire en espagnol, et ça, c'était un réel plaisir ! Enfin, pas tout de suite. J'ai tout de même peiné sur les premières pages, révision de vocabulaire/grammaire oblige !

L'auteure
Née à Barcelone en 1981, Laura Fernández est journaliste culturelle pour différents journaux et magazines. Elle es considérée comme l'une des révélations littéraires espagnoles. La chica zombie est son premier roman publié en France.

Intègre le  

10 commentaires:

  1. En VO? Rappel, j'ai fait allemand. Et puis les zombies...
    Des nouvelles de squatty : après avoir éradiqué les mulots de la zone, il s'attaque aux lézards imprudents avides de bain de soleil, et, plus affreux, aux oiseaux (j'ai trouvé des plumes de mésange!!! Oui, des mésanges, et là ça passe mal.)

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    1. J'ai fait allemand moi aussi^^, mais je serais incapable de lire dans le texte, cette langue ne me motive décidément pas ! D'ailleurs là je suis sur un roman allemand et je n'ai absolument pas cherché à savoir si je pouvais l'avoir en ebook VO.;-) Et l'espagnol, c'était plus tard, en autodidacte. Un attrait inexpliqué pour cette langue, et quelle satisfaction de pouvoir lire des romans en espagnol maintenant (bon, pas du type Don Quichotte non plus ;-)).
      En passant, ce livre a été traduit en français.;-) Mais bon, les zombies, ok !^^ Ceci dit, il n'y a pas de "vrais" zombies ici, juste des gens un peu mal dans leur peau et dans leur tête qui, pour échapper à leur réalité, ou mieux la vivre, trouvent refuge dans leur imaginaire. C'est bien traité et développé, et sacrément barré !
      Haha Squatty, maître en son domaine.;-)

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  2. ça peut être pas mal même si le côté zombie me fait quand même appréhender!

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    1. C'est plutôt pas mal oui, et même plutôt réussi.:-) Pas de zombie à la Walking Dead ici, la notion de zombie est plutôt subtile ici, c'est ce qui est entre autres intéressant.

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  3. Merci pour cette nouvelle participation à mon challenge et rendez-vous demain pour la nouvelle contrainte et ... un concours.
    Bon dimanche.

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    1. Chouette chouette, vivement dans quelques heures que je découvre ça !
      Bon dimanche.

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  4. ton billet me donne envie, le titre et le mot "zombie" me feraient pourtant fuir...

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    1. Bizarrement ça m'avait fait le même effet quand Cryssilda m'en parlait... Et puis un petit quelque chose m'a fait penser que ça pourrait tout de même bien me plaire. J'ai eu raison de suivre mon intuition.;-)

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  5. Zombie et subtils sont deux mots qui ne vont pas ensemble d'habitude. Tu m'intrigues, une fois de plus ;)

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    1. L'auteure fait fort, crois-moi !:-) Pourtant rien de bouleversant ni d'exceptionnel, mais ça reste assez épatant tout de même, ce que l'auteur a su exploiter à partir de la thématique zombie et autres frappadingueries.

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