lundi 22 mai 2017

LA RABOUILLEUSE


LA RABOUILLEUSE

Ou comment Zao Wou-ki, peintre et graveur chinois naturalisé français en 1964 m'a conduite à Issoudun (enfin, c'est Keisha qui était au volant^^), où quelques-unes de ses ma-gni-fiques oeuvres étaient exposées au Musée de l'Hospice Saint-Roch l'année dernière, et que la lubie m'a prise de lire La Rabouilleuse de Balzac quand j'ai découvert que l'action se déroulait à Issoudun même !
C'est dire que l'escapade m'a conquise !

Ce roman n'est pas le plus lu ou le plus cité des oeuvres de Balzac (l'introduction le confirme) (et j'ai même eu un mal fou à le trouver en ebook gratuit), ce qui m'a quelque peu inquiétée quant à son potentiel enthousiasmant, et pourtant, je me suis ré-ga-lée de ces retrouvailles avec Balzac que je n'avais pas lu depuis bien longtemps. C'est même un roman qu'il me tardait de reprendre après chaque pause forcée et que j'ai dévoré sans vraiment m'en rendre compte. Je me suis même exclamée sur FB, en cours de lecture, "les classiques, c'est vraiment le bien, même quand ça n'y paraît pas comme ça." ^^

Je suis vraiment étonnée que ce roman de Balzac ne soit pas plus connu d'ailleurs. Il est tellement savoureux d'un point de vue stylistique (bon, ça ne vaut pas un Dumas quand même, mais bon sang, qu'est-ce c'est bon tout de même et qu'est-ce qu'on s'y amuse beaucoup aussi des réflexions et dialogues tout le long !). Le portrait psychologique des personnages est saisissant de vérité et de réalisme. Quelle finesse et justesse dans l'analyse des sentiments et des travers humains, la fourberie comme l'amour aveugle ! L'intrigue est prenante et ces scènes de la vie de province, du Berry plus précisément, sont délectables. Balzac en restitue tout le sel, avec les commérages, les "disettes" comme on dit dans le pays, les mentalités provinciales de l'époque, leurs préjugés sur les Parisiens (l'antipathie est réciproque). La représentation de cette inimitié entre Provinciaux et Parisiens est juste jubilatoire. Bref, comme je disais, le tout est un régal.

Ce roman serait trop long à résumer mais son titre est souvent associé au sous-titre "Un ménage de garçon", ou on le trouve parfois intitulé "Les célibataires", et c'est vrai que ce roman n'est pas véritablement centré sur la rabouilleuse, qui n'est qu'un personnage parmi d'autres dans l'intrigue, même si son rôle est déterminant et important dans l'histoire.
C'est plutôt, si on peut résumer simplement et donner quelques grandes lignes, une histoire de familles, de deux fils en particulier, avec une histoire de succession et d'héritage à la clé, et au milieu, de sombres personnages sans scrupules, d'autres étouffés par l'avarice (de sacrés scènes d'anthologie dans ce livre), mais aussi des âmes nobles et des innocents, un vieux garçon épris de sa servante, une sacrée intrigante celle-là, une mère bouleversante (qui a failli me briser le coeur plus d'une fois), un fils indigne, des complots, et de la politique aussi (là par contre, j'avoue que ces aspects m'ont peu passionnée et m'ont un peu perdue par moment).

Ce qui m'a particulièrement enthousiasmée et que Balzac dépeint de façon truculente, ce sont les scènes de la vie de province, abordées assez tardivement dans l'histoire principalement consacrée à la scène parisienne au début.
Un roman qui m'a effarée aussi sur la place, les droits et la condition de la femme à l'époque, quasi considérée comme une mineure (non pas que ce soit une découverte sur les moeurs de l'époque, mais j'ai trouvé que ce roman en rendait parfaitement compte de manière presque glaçante).

Bref, si ce n'est pour les aspects politiques et militaires, j'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman foisonnant mais dont le développement de l'intrigue est parfaitement maîtrisé, fluide et captivant. J'ai adoré la fin assez émouvante qui confère à ce récit un côté conte merveilleux qui m'a beaucoup plu (et soulagée). Bon, on pourrait reprocher au livre que attention SPOILER tout se finit trop bien, les méchants sont punis et les gentils récompensés, mais ça m'a bien convenu comme ça.^^

Un petit mot sur l'édition de poche que j'étais censée lire (Folio classique) mais dont la police était tellement minuscule et les interlignes resserrées que ça en rendait le texte illisible et inconfortable au possible. J'ai dû avoir recours au numérique et franchement, ça change tout ! Une lecture qui s'annonçait fastidieuse (ça ne donnait tellement pas envie de s'y plonger) mais que la version ebook a rendu limpide et agréable (vraiment, vive le numérique pour ça !).

LC avec Keisha, mon soutien officiel "lubies LC" ! ^^

14 commentaires:

  1. Tu sais ce qui me traverse la tête? Après visite du prieuré St Cosme (zao wou ki encore) on n'a pas du tout du tout ressenti l'envie de lire Ronsard... Mais on pourrait se lire un autre Balzac, genre La grenardière (au nord de tours) ou Le curé de Tours!

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    1. Haha ! Faut dire que la poésie et moi...^^ Du coup, il n'avait aucune chance le Ronsard. Encore que je connaisse bien son "Mignonne, allons voir si la rose..." Euh, bon, ça s'arrête à peu près là...:-)
      Oh oui ! Partante pour un autre Balzac, à Tours cette fois !^^ Je suis assez tentée par Le Curé de Tours. On est en train de se faire un challenge "une ville vue, un livre lu", sans s'en rendre compte, haha !

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    2. Bon, en 2018, rien ne presse...

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    3. Oui, 2018, ça nous laisse du temps.:-)

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  2. J'ai toujours trouvé Balzac assez "fastidieux" dans son genre. Je lui préfère largement Zola en tout cas ;)

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    1. J'adore Zola ! C'est encore très différent.:-) Mais Balzac "fastidieux" ? Je garde un très bon souvenir de mes lectures balzaciennes au collège, et cette Rabouilleuse se laisse lire avec beaucoup de plaisir.

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  3. Ça doit faire des année que je n’ai pas lu Balzac! Sans doute depuis mon adolescence avec les livres obligatoires du collège. Mais je dois dire que même si ça m’effrayait un peu j’ai relu dans les dernières années certains classiques, dont « Le rouge et le noir » et j’ai tout simplement ADORÉ!

    Génial le spoiler....... mdrrrrrrrrr ^^

    Ceci dit tu me donnes envie de revenir à nouveau vers des classiques. Bizzzzz (bonne soirée de mardi quand même, eh oui, on ne peut être vendredi chaque jour, malheureusement) :D))

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    1. Aaaah "Le Rouge et le Noir" ! Je l'ai lu vers mes 20 ans dans le cadre d'un challenge "Hugo vs Stendhal" (des challenges déjà à l'époque, pfouah !), et j'ai détesté ! (gloups) Bon, le mot est peut-être fort mais je n'en garde pas un bon souvenir. Je n'étais probablement pas assez mûre.;-) Il faudrait peut-être que je le relise aujourd'hui. Ou plutôt que je lise un autre Stendhal, tiens ! Je vais me noter ça pour 2018 ! Merci pour l'idée ! ;-)
      Bizzz, bonne soirée ! Je suis en vacances demain, tout va bien !^^

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  4. Il y a longtemps, je me souviens avoir dévoré "Les Chouans" et "Illusions perdues" (un peu moins "Eugénie Grandet") ... Tu me redonnes envie de m'y plonger ! Merci ;-)

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    1. J'ai dû lire 5 ou 6 romans de Balzac dans ma vie, il m'en reste encore plein à découvrir et je m'en réjouis !

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  5. Je ne connaissais effectivement pas ce titre, mais ce que tu en dis me tente bien. Je me suis retenue pour ne pas lire le spoiler!

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    1. Oups !^^ C'est un spoiler qui, pour le coup, dévoile la fin et gâcherait vraiment toute la lecture. Le mieux, c'est encore de ne pas trop tarder à lire le roman.;-)

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  6. Moi aussi, j'ai découvert ce livre suite à une visite à Issoudun et un diner à La Cognette. Ce livre est peu connu, c'est dommage, il mérite vraiment le détour !

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    1. Oh ! Tu as dîné à La Cognette ? Ça devait être une belle expérience gustative ! Et retrouver les lieux ensuite dans le roman de Balzac, ça a dû participer à ton plaisir de lecture.
      Oui, quel dommage que ce livre soit peu connu alors que c'est une lecture franchement savoureuse !

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